30/04

Le lendemain nous avons pris notre petit-déjeuner, face au port, tout en guettant l’arrivée du ferry, vers 10h.
Nous avons retrouvé avec plaisir notre « bonne vieille Ford ».

Nous sommes remontés vers Nauplie en passant par Epidaure.
Le site d’Epidaure est connu pour son majestueux théâtre de 12.000 places, merveilleusement conservé, mais également comme lieu de culte dédié au dieu Esculape, le dieu médecin représenté par un vieillard tenant un bâton autour duquel s’enroule un serpent. Le serpent est le symbole de la renaissance.
Les malades entraient dans une sorte de temple et s’endormaient enroulés dans des peaux de bêtes qui avaient été sacrifiées, le lendemain, ils racontaient leurs rêves qui étaient interprétés par les prêtres. On pratiquait la guérison par l’interprétation des rêves. Au fond, rien n’a tellement changé.

Dans le musée, j’ai photographié un buste antique de femme, la main sur la hanche, en position nonchalante de défi « voici mon corps, que pensez-vous de cela ? C’est beau, non ? »

Nauplie ancienne capitale de la Grèce durant la guerre d’indépendance a été successivement occupée par les Francs, les Vénitiens et les Turques. C’est une ville élégante, touristique, avec des marchands de glaces à chaque coin de rue. Elle est considérée comme une des plus jolie ville de Grèce qui d’ailleurs n’est pas typiquement grecque. Les Grecs modernes ne sont apparemment pas très doués pour la création de jolies villes, comme le dit plaisamment Edmond About « En Grèce, le passé fera toujours tort au présent. ».
Effectivement, le présent ne fait pas le poids, mais comment rivaliser avec la perfection ?
Mieux vaut carrément s’en foutre et c’est précisément ce qu’ils font, avec un certain talent d’ailleurs.

A Nauplie, j’ai laissé Christophe dans un café internet sélect pour faire un peu de shoping touristique.
J’ai failli acheter un livre sur l’érotisme au temps des Grecs anciens, mais je ne l’ai pas fait et je le regrette.
Leur manière de voir les choses est tellement belle, dénuée de toutes gênes, de tout sentiment de culpabilité, sentiment qui a fait le fond de commerce du christianisme pour les siècles à venir.
Comment en est-on arrivé là, quel recul et quelle perte pour l’amour !
Malgré tout, il me semble que les Grecs ont conservé un peu de cet amour poétique pour la beauté non pas uniquement du corps mais de l’esprit du corps, qui anime tout l’art des Grecs anciens comme la brise, caresse respectueuse et légère soulève doucement le voile révélant la beauté des corps taillés dans le marbre. Kali. Callipyge.

Sur la route, nous nous mettons en quête d’un endroit pour dormir.
Christophe a développé un certain flair pour trouver les bons endroits, les narines frémissantes, il s’arrête et dit «  là, je crois que cela pourrait être bien ».
Dans les environs d’Astros et du lit d’une rivière asséchée, c’est incroyable le nombre de rivières asséchées que nous avons croisé, nous avons installé nos minces matelas sous trois jolis oliviers. J’ai bien dormi, mon dos s’est vite habitué au sol, Christophe a eu de nouveau froid. Je l’ai réchauffé.